Jean Loup Ridou, photographe ornithologue.

Jean Loup Ridou, photographe ornithologue.

Jean Loup, profession : passionné

Farmili – « Bonjour Jean Loup, vous êtes photographe ornithologue. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre activité ?

Jean Loup  – Depuis tout petit je suis passionné par les oiseaux. Dans mon enfance je passais beaucoup de temps dans les bois à les observer. C’est donc tout naturellement que je suis devenu photographe et aujourd’hui je vis de ma passion. J’ai ainsi réalisé 3 ouvrages, Thiérache terre d’oiseaux,  Les oiseaux de L’Aisne  (sorti en juin 2012) et tout récemment Chouettes et Hiboux de Picardie, tous trois édités chez Bayard.

F – Vous habitez dans l’Aisne, en Picardie. Est-ce un bon endroit pour observer les oiseaux ?

JL – Oui absolument. En Picardie nous avons beaucoup de bocages, l’une des raisons pour laquelle on désigne souvent cette région comme la petite Normandie. Avec ses haies d’Ormes et ses valons parsemés de bois, l’Aisne offre un super biotope pour les oiseaux. Imaginez qu’ici nous avons environ 140 espèces sédentaires et autant de migratrices !

F – Donc il faut vivre loin des villes pour pouvoir observer les oiseaux..?

JL – Pas forcément ! L’environnement urbain peut se révéler favorable aux oiseaux. Déjà il n’y a pas de pesticides ce qui est une très bonne chose pour eux. Et puis ils sont assez protégés, ils trouvent de la chaleur et de la nourriture.

Dans les campagnes l’usage constant des pesticides fait énormément de dégâts et pas seulement pour les oiseaux. Plus personne n’ignore que le déclin de l’abeille, pour ne citer qu’elle, est étroitement lié aux pesticides. Pour les oiseaux c’est la même peine : on voit de moins en moins de chardonnerets et de bouvreuils, de magnifiques petits oiseaux au plumage extraordinaire. L’autre jour une amie a retrouvé une colonie entière de chardonnerets morts dans un champ qui venait d’être traité… C’est tellement désolant. Même constat pour les hirondelles dont les effectifs chutent dramatiquement dans certaines régions : elles se nourrissent essentiellement d’insectes en volant à basse altitude au-dessus des cultures traitées.

Donc pour répondre à votre question, oui la ville peut constituer un refuge salutaire pour certaines espèces.

Le bouvreuil pivoine est sans aucun doute l'un des plus beaux oiseaux de nos jardins.

Le bouvreuil pivoine est sans aucun doute l’un des plus beaux oiseaux de nos jardins.

F – Bon il y a une bonne nouvelle quand même : les citadins peuvent agir à leur niveau. C’est juste ?

JL – Oui, en apprenant à observer la nature qui nous entoure, même en ville ! Elle est source d’une grande richesse : regardez les oiseaux par la fenêtre, apprenez aux enfants à les reconnaître et à les protéger, c’est déjà un très bon début et c’est plaisant !

Aménagez un petit espace propice aux oiseaux : disposez des plantes ou quelques arbustes pour leur permettre de se protéger, mettre des graines et une boule de graisse à leur disposition en hiver, installer un nichoir en bois.

Faire une petite place à la nature sur son balcon, sa terrasse ou son jardin, c’est déjà faire bouger les choses !

F – Parmi les oiseaux que vous observez, avez-vous une espèce favorite ?

JL – J’aime énormément le bouvreuil pour sa beauté et son champ mélancolique. J’ai aussi une affection particulière pour les rapaces comme les chouettes hulottes et effraies, ainsi que les hiboux moyens et grands ducs. Ce sont des oiseaux de nuit mystérieux et fascinants. On peut d’ailleurs les rencontrer en ville, surtout la chouette effraie qui aime la pierre des vieux clochers. Les autres vivent principalement dans les forêts. Celle qu’on entend le plus souvent est la hulotte dont le hululement est reconnaissable entre tous.

Bébés chouettes hulottes

Bébés chouettes hulottes

F – Un dernier petit conseil pour les ornithologues en herbe ?

JL – Oui 2 conseils : le premier, si vous hésitez entre les graines et les boules de graisse, sachez que la graisse est excellente pour les oiseaux en hiver, avec quelques graines de tournesol elle leur apporte les protéines dont ils ont impérativement besoin !

Ensuite je conseillerai à tous les parents d’emmener leurs enfants voir les oiseaux, l’occasion d’une chouette promenade dans la campagne ou la forêt. Achetez une paire de jumelles et un bon livre de photos et… observez ! »

Tente d'affut pour prendre en photo les oiseaux

Tente d’affut pour prendre en photo les oiseaux

Jean Loup Ridou est photographe ornithologue près de Chimay dans l’Aisne. Il a supervisé l’élaboration des contenus pour la rubrique de Farmili consacrée aux oiseaux du jardin. Il est l’auteur des photos représentant les 32 espèces d’oiseaux sur le site.

Propos recueillis par Ghislain Journé.

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