Anaïs sur le toit de la REcyclerie, aménagé en potager.

Anaïs sur le toit de la REcyclerie, aménagé en potager.

Anaïs nous présente La REcyclerie

En juin 2014, la REcyclerie a ouvert ses portes dans l’ancienne gare désaffectée d’Ornano, non loin de la porte de Clignancourt dans le 18ème arrondissement de Paris.

Consacré comme un véritable « temple de nature urbaine » (Paris Match – 7 novembre 2014), La REcyclerie s’étend sur plus de 4 000 m2 répartis sur l’ancien bâtiment principal, la terrasse et les quais. Philosophie du lieu : valoriser l’économie frugale, en somme « faire mieux avec moins » avec la convivialité comme fil conducteur. On s’y attable, on s’y instruit, on s’y ressource, on y échange…

Le restaurant a été aménagé dans l'ancien hall de gare.

Le restaurant a été aménagé dans l’ancien hall de gare.

Imaginé par Stéphane Vatinel, créateur de hostspots culturels à Paris, le concept attire clairement les écolos branchés, hypsters et autres bobos de la capitale. Mais pas seulement. Riverains, familles et passants viennent volontiers passer un moment de détente dans ce lieu aussi chaleureux qu’insolite.

Nous avons rencontré Anaïs Condado, responsable de la ferme urbaine sur place.

Bonjour Anaïs. Tu coordonnes la ferme urbaine de la REcyclerie à Paris. Une ferme en plein Paris est-ce vraiment possible ?

Oui, nous sommes convaincus qu’un retour de l’agriculture en ville est possible. Il y a un véritable mouvement en faveur de l’agriculture urbaine à Paris avec l’aménagement de fermes urbaines, de toits potager ou encore de cultures verticales hydroponiques… Nous avons une mairie qui encourage activement ces initiatives et Paris a beau être une ville dense, il reste des espaces potentiels où nous pouvons développer ce genre de projets.

Pour toi, quel est le véritable intérêt d’une ferme en ville ?

Une ferme urbaine présente de nombreux avantages. Dans notre cas, il s’agit de conjuguer l’activité d’un lieu de restauration avec la ferme. Par exemple notre ferme urbaine réduit considérablement les déchets produits par le restaurant : les restes des clients sont donnés aux poules et les déchets des cuisines sont compostés. En retour, la production du potager sera prochainement destinée au restaurant.

Aujourd’hui, l’intérêt d’une ferme urbaine réside également dans la nécessité de sensibiliser les urbains sur l’origine des produits qu’ils consomment. S’interroger sur leur qualité mais également réfléchir à la place de la nature dans une ville très urbanisée comme Paris.

Aujourd’hui, deux grands modèles d’agriculture se font face : le modèle intensif et le modèle bio. On imagine que vous avez choisi votre camp ?

Nous développons en effet un modèle de maraîchage suivant les principes d’agro-écologie et de permaculture. Nous souhaitons mettre en place un système agricole durable : sol vivant, zéro produit chimique, engrais verts, semences variées, gestion optimisée de l’eau, valorisation des ressources disponibles sur place… En somme remettre au goût du jour les savoirs faire (et le bon sens) d’antan ! Nous appliquons dans le potager des techniques de bio contrôle : nous cherchons à rétablir l’équilibre des écosystèmes grâce à des mécanismes naturels. Ainsi les prédateurs ou « nuisibles » ne sont pas éliminés mais gérés grâce à des auxiliaires. C’est l’exemple bien connu de la coccinelle, remarquable alliée contre les pucerons.

L’agriculture urbaine… encore un concept pour bobos diront certains. Que réponds-tu ?

Au contraire il y a un véritable intérêt à développer les différentes formes d’agriculture urbaine. Aujourd’hui les enjeux sont principalement pédagogiques mais il y a aussi une visée agricole et donc alimentaire. Il s’agit aussi de découvrir jusqu’à quel point Paris peut devenir une ville nourricière.

Les anciennes voies de chemin de fer offrent un espace intéressant à revaloriser !

Les anciennes voies de chemin de fer offrent un espace intéressant à revaloriser !

Justement vous êtes situés dans un quartier populaire du nord de Paris. Comment ce projet est-il accueilli par les riverains ? Voient-ils d’un bon œil la présence d’animaux ?

En règle générale les réactions des gens au projet sont très positives. 70 % des adhérents de notre association, Les Amis Recycleurs, sont des personnes habitant le 18ème arrondissement. Mais il est vrai que la présence des animaux est quelques fois contestée. Certains considèrent que le milieu urbain n’offre pas de bonnes conditions de vie à un élevage de poules. Nous essayons toujours d’échanger pour enlever quelques idées reçues mais également rassurer sur l’entretien du poulailler ou l’alimentation des animaux. Nous les invitons également à regarder certains documentaires sur les conditions de vie des poules en batterie, en comparaison les nôtres sont bien loties !

On parle beaucoup de la COP 21, la conférence sur le climat qui aura lieu en France à la fin de l’année. Allez-vous jouer un rôle lors de cet événement ?

Oui bien sûr. Nous avons une vraie volonté de sensibiliser le public et avons d’ailleurs obtenu la labellisation COP21. Depuis le mois de janvier nous proposons une programmation baptisée « Destination COP21 » avec chaque mois une nouvelle thématique autour de laquelle nous organisons des conférences, rencontres ou ateliers. Nous essayons avant tout d’être une plateforme d’accueil et d’échange pour encourager les interactions entre les acteurs de l’écologie. En septembre nous avons assisté à de belles rencontres entre les acteurs d’Ile de France sur le thème « Alimentation et Agriculture ».

Quelles sont les autres actus en cette rentrée ?

Nous souhaitons développer une culture en aquaponie, système associant l’élevage de poissons et la culture de plantes en circuit fermé : les déchets des poissons sont filtrés et nourrissent les végétaux, qui eux même nettoient et oxygènent l’eau. Le but serait d’arriver à produire quelques denrées pour la cuisine et ainsi montrer qu’une production agricole à Paris est possible.

Récemment on vous a volé 6 poules. Mais le cheptel a été reconstitué en partenariat avec Farmili. Un jeune coq a même complété la troupe ! Un joli pied de nez aux voleurs… 

Oui, nous tenons encore à vous remercier pour ce partenariat, le vol de poules a été dur pour la ferme et votre proposition nous a vraiment fait chaud au cœur ! Nous vous avons en effet pris un coq, le défenseur de ces dames. Il s’appelle Rocky !!!

Atelier basse-cour pour les plus jeunes avec les nouvelles arrivées !

Atelier basse-cour pour les plus jeunes avec les nouvelles arrivées !

Propos recueillis par Ghislain Journé.

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Un commentaire sur “Anaïs nous présente La REcyclerie

  1. Quand le voleur de poules s’appelera Maitre Renard alors vraiment Paris sera devenue une ville ecologique 😉 Comme Londres ! Bravo a La Recyclerie et Farmili.