Hubert est un pigeon voyageur. Mais pas n’importe quel pigeon… Un pigeon chanceux !

Alors qu’il fait route vers l’Angleterre, sa terre natale, lâché quelque part entre le sud-ouest de la France et le Nord de l’Espagne, Hubert sent que la force lui fait défaut. Il lui reste pourtant plus de 400 KM à parcourir. Pas la mer à boire pour un pigeon comme lui, habitué aux longues distances. Car Hubert appartient à la famille des pigeons biset, une race taillée pour la course. Mais voilà une crampe persistante le saisit alors qu’il devine au loin l’Ile d’Yeu, une charmante petite commune insulaire de Vendée. Le mouvement de son aile se grippe à tel point qu’il croit la noyade certaine. Lui qui rêvait de survoler Paris, de convoler avec sa douce colombe le long des côtes de Brighton… L’histoire s’arrêtera ici, en pleine mer, loin du pigeonnier familial. Dans un dernier élan de courage Hubert déploie ses ailes et tente un vol plané, porté par un vent favorable. L’oiseau voit la côte française se rapprocher…

Plus que quelques dizaines de mètres le séparent de l’eau. C’est dans le petit port de la Meule que va s’achever le périple de notre voyageur. Tel un hydravion Hubert tente un amerrissage dans les eaux calmes de la crique. Car il n’aura plus la force d’atteindre la terre ferme. Si près du but.

Epuisé, l’oiseau bat la surface de l’eau avec ses ailes dans une tentative désespérée.  Romane, une jeune Îslaise qui passait par là, saute dans son bateau gonflable pour porter secours au pigeon.

Depuis ce jour Hubert ne quitte plus Romane qui l’emmène partout, comme sur cette terrasse où elle retrouve régulièrement Pierre, son amoureux. Ainsi pendant que les deux tourtereaux boivent leur limonade, Hubert savoure quelques graines de maïs sorties de la poche de Romane.

Romane a bien tenté de contacter l’éleveur anglais dont les coordonnées sont inscrites sur la bague de l’oiseau. Seulement celui-ci reste injoignable. Et à voir la mine réjouie de notre Hubert, qui se laisse bien volontiers attraper par sa nouvelle maîtresse, on imagine qu’il n’est pas pressé de rentrer en Angleterre 😉

Ghislain Journé